Le film :
Storyville, New Orléans, 1917.
La première guerre mondiale fait rage, et les bordels de Lousiane sont remplis de marins, de politiques, d'hommes d'affaires.
Sous la coupe d'une maquerelle vieille et tenace, Cathy accouche d'un petit garçon du nom de Willy. Sa fille, Violette, âgée de 12 ans, rêve de devenir une putain aux nombreux clients. Elle étudie chacune des filles, leur tactique, leur façon de se vendre et d'aguicher.
Il est venu, le temps où cette vierge est mise aux enchères auprès des clients fortunés. Bienheureux qui la dépucelera, pour 400 dollars.
Cathy, qui fait passer Violette, pour sa soeur, finit par épouser un de ses clients et devient une femme respectable. Seulement, elle laisse la fillette, le temps de s'établir avec son mari. La jeune fille s'amuse en ayant le plus de clients, jusqu'au jour où elle veut à son tour dépuceler le petit noir, fils de la gouvernante, et qu'elle apprend que dans ce monde, les noirs ne couchent pas avec les blancs. Violette reçoit alors une raclée et s'enfuit chez "papa" Bellocq, photographe, amoureux d'elle.
Ce que j'en ai pensé :
Brooke Shield se fit connaître par ce rôle de Voilette, voilà plus de vingt ans, maintenant. Aujourd'hui un tel film serait totalement censuré. Louis Malle ne fait nullement l'apologie de la prostitution, de la pédophilie ... il raconte l'histoire d'une fillette baignée dans une culture, où l'on est pute de mère en fille, et que c'est un moyen comme un autre de gagner sa vie. L'innocence de Brooke Shield met en valeur, le fait que Violette n'a pas bien conscience de ce qu'elle fait, du fait qu'elle vende son corps, du fait qu'elle couche avec des "vieux" et que la loi l'interdit. Elle n'a pas conscience de ses actes, parce qu'elle n'a pas été éduquée. La plus grande preuve de son innocence, quand sa mère revient enfin la chercher, alors qu'elle s'est mariée à "papa" Bellocq, elle le regarde dans les yeux "tu viens pas avec nous, Papa ? tu viens pas ?" ... je n'arrive pas à imaginer de quelle manière elle le considérait. Il est évident qu'il n'y avait aucun sentiment amoureux de sa part à elle. Pour qui le prend-elle ? un père de substitution, ou tout simplement une personne qui s'occupe d'elle, lui ou un autre, peu importe du moment que cette personne l'aime ... je pense que c'est cela. Sa mère, puis la tenancière, puis "papa" et de nouveau sa mère.
Que pensez de la dernière image du film, quand le beau-père prend sa jolie petite famille reconstituée, et devenue respectable ... le visage de Violette avec son sourire énigmatique. Va-t-elle rentrer dans le moule ? Va-t-elle pouvoir faire table rase des 12 années voire 13 années qui l'ont construite, éduquée ...
Un film intéressant, un jeu d'acteur parfaitement juste. Une idée du début de l'autre siècle ... une autre culture, d'autres moeurs...