11 décembre 2006
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Le livre :
Un homme se replonge dans son passé. Il raconte l'histoire d'une petite bourgade proche du front de la guerre de 14-18, en France. Il raconte comment l'histoire de cette bourgade a aussi eu prise dans sa vie. L'arrivée d'une jeune et jolie institutrice. Le coup de coeur du procureur pour celle-ci. Sa mort inexpliquée. Le meurtre de Belle de Jour. L'enquête baclée. Sa femme enceinte, qui meurt en couche, à cause de l'enquête sur le meurtre. Les procédés déplorables du juge. L'après aussi ...
Ce que j'en ai pensé :
J'ai eu du mal à écrire le synopsis. Cet homme, dont nous ne savons finalement peu de choses, a besoin de faire le point sur sa vie. C'est absolument nécessaire. Pour comprendre. Il ne s'épargne rien. Pas de complaisance sur ses erreurs, sur les autres. Il est incroyablement lucide. On assiste à des retours en arrière auxquels se mêlent des moments du présent. On dirait en fait se retrouver dans le cerveau de cet homme. On peut dire que ce roman, est en fait une lettre, une longue lettre, adressée tout simplement à celui qui prendra la peine de la lire, et surtout une grande lettre à lui-même, une lettre qui lui permet de remettre de l'ordre dans sa vie avant d'y mettre fin.
Il montre parfaitement que les destins sont invariablement liés. Que l'on ne sait jamais tout sur ce qui pousse les gens à agir, qu'il y a toujours des choses qui nous échappent, des morceaux de puzzle, mais quoiqu'il en soit, les événements sont irrémédiablement liés.
Peut-être ai-je été troublée par ce livre, au point de ne pas savoir comment en parler, comment bien en parler.
Je mets quelques citations, qui j'espère vous donneront envie d'y faire un tour.
Citations :
- Notre petite ville entendit la guerre mais ne la fit pas vraiment. On peut même dire sans choquer qu'elle en vécut : tous les hommes faisaient tourner l'usine. On en avait besoin. un ordre tomba d'en haut. Un bon cette fois, c'est si rara : par dérogation de je ne sais plus quelle huile lointaine, tous les ouvriers furent réquisitionnés pour le service civil : huit cents gaillards échappèrent ainsi au garance pétant et au bleu horizon. Huit cents hommes qui aux yeux de certains n'en furent jamais et qui, chaque matin, sortiraient d'un lit chaud, de bras endormis, et non d'une tranchée boueuse, pour aller pousser des wagonnets plutôt que des cadavres.
- La folie, c'est un pays où n'entre pas qui veut. Tout se mérite.
- Je pourrais broder, ce n'est guère difficile en somme. A quoi bon ? La vérité est tellement plus forte lorsqu'on la contemple en face.
- Le ridicule n'existe que pour les autres, ceux qui ne comprennent jamais rien.
- Pour essayer de comprendre les hommes, il faut creuser jusqu'aux racines. Et il ne suffit pas de pousser le temps d'un coup d'épaule pour lui donner des airs avantageux : il faut le creuser dans ses fissures et lui faire rendre le pus.
- La haine est une cruelle marinade : elle donne à la viande une saveur de déchet.
- Il ne disait pas 'tu', ni 'vous', il disait 'il' ou 'elle', comme si l'autre n'était pas là, comme s'il n'existait pas, comme si rien ne laissait supposer sa présence. Il le rayait grâce à un pronom.
- Le chagrin tue. Très vite. Le sentiment de la faute aussi, chez ceux qui ont un bout de morale.
- Les bonnes gens partent vite. Tout le monde les aime bien, la mort aussi. Seuls les salauds ont la peau dure. Ceux-là crèvent vieux en général.
- C'est curieux, la vie. Ca ne prévient ps. Tout s'y mélang sans qu'on puisse y faire le tri et les moments de sang succèdent aux moments de grâce, comme ça. On dirait que l'homme est un de ces petits cailloux posés sur les routes, qui reste des jours entiers à la même place, et que le coup de pied d'un trimardeur parfois bouscule et lance dans les airs, sans raison. Et qu'est-ce que peut un caillou ?
- Le moi de juin, le soir, ferait presque espérer de la terre et des hommes. Il y a tant de parfums qui viennent alors des jeunes filles et des arbres, et l'air soudain se fait si gracieux qu'on aurait envie de tout recommencer, de se frotter les yeux, de croire que le mal n'est qu'un rêve et la douleur une tromperie de l'âme.
- Penser qu'un des siens peut être un assassin, c'est penser que soi-même on peut l'être. C'est désigner à la face de tous que ceux qui tortillent de la bouche et nous regardent de très haut, comme si nous étions des fientes de poule, ont une âme pourrie, comme tous les hommes, qu'ils sont comme tous les hommes. Et ça, c'et peut-être le début de la fin, la fin de leur monde. C'est donc insupportable.
- C'est douloureux d'écrire. Je m'en rends compte depuis des mois que je m'y suis mis. Ca fait mal à la main, et à l'âme.
- On sait toujours ce que les autres sont pour nous, mais on ne sait jamais ce que nous sommes pour les autres.
Un homme se replonge dans son passé. Il raconte l'histoire d'une petite bourgade proche du front de la guerre de 14-18, en France. Il raconte comment l'histoire de cette bourgade a aussi eu prise dans sa vie. L'arrivée d'une jeune et jolie institutrice. Le coup de coeur du procureur pour celle-ci. Sa mort inexpliquée. Le meurtre de Belle de Jour. L'enquête baclée. Sa femme enceinte, qui meurt en couche, à cause de l'enquête sur le meurtre. Les procédés déplorables du juge. L'après aussi ...
Ce que j'en ai pensé :
J'ai eu du mal à écrire le synopsis. Cet homme, dont nous ne savons finalement peu de choses, a besoin de faire le point sur sa vie. C'est absolument nécessaire. Pour comprendre. Il ne s'épargne rien. Pas de complaisance sur ses erreurs, sur les autres. Il est incroyablement lucide. On assiste à des retours en arrière auxquels se mêlent des moments du présent. On dirait en fait se retrouver dans le cerveau de cet homme. On peut dire que ce roman, est en fait une lettre, une longue lettre, adressée tout simplement à celui qui prendra la peine de la lire, et surtout une grande lettre à lui-même, une lettre qui lui permet de remettre de l'ordre dans sa vie avant d'y mettre fin.
Il montre parfaitement que les destins sont invariablement liés. Que l'on ne sait jamais tout sur ce qui pousse les gens à agir, qu'il y a toujours des choses qui nous échappent, des morceaux de puzzle, mais quoiqu'il en soit, les événements sont irrémédiablement liés.
Peut-être ai-je été troublée par ce livre, au point de ne pas savoir comment en parler, comment bien en parler.
Je mets quelques citations, qui j'espère vous donneront envie d'y faire un tour.
Citations :
- Notre petite ville entendit la guerre mais ne la fit pas vraiment. On peut même dire sans choquer qu'elle en vécut : tous les hommes faisaient tourner l'usine. On en avait besoin. un ordre tomba d'en haut. Un bon cette fois, c'est si rara : par dérogation de je ne sais plus quelle huile lointaine, tous les ouvriers furent réquisitionnés pour le service civil : huit cents gaillards échappèrent ainsi au garance pétant et au bleu horizon. Huit cents hommes qui aux yeux de certains n'en furent jamais et qui, chaque matin, sortiraient d'un lit chaud, de bras endormis, et non d'une tranchée boueuse, pour aller pousser des wagonnets plutôt que des cadavres.
- La folie, c'est un pays où n'entre pas qui veut. Tout se mérite.
- Je pourrais broder, ce n'est guère difficile en somme. A quoi bon ? La vérité est tellement plus forte lorsqu'on la contemple en face.
- Le ridicule n'existe que pour les autres, ceux qui ne comprennent jamais rien.
- Pour essayer de comprendre les hommes, il faut creuser jusqu'aux racines. Et il ne suffit pas de pousser le temps d'un coup d'épaule pour lui donner des airs avantageux : il faut le creuser dans ses fissures et lui faire rendre le pus.
- La haine est une cruelle marinade : elle donne à la viande une saveur de déchet.
- Il ne disait pas 'tu', ni 'vous', il disait 'il' ou 'elle', comme si l'autre n'était pas là, comme s'il n'existait pas, comme si rien ne laissait supposer sa présence. Il le rayait grâce à un pronom.
- Le chagrin tue. Très vite. Le sentiment de la faute aussi, chez ceux qui ont un bout de morale.
- Les bonnes gens partent vite. Tout le monde les aime bien, la mort aussi. Seuls les salauds ont la peau dure. Ceux-là crèvent vieux en général.
- C'est curieux, la vie. Ca ne prévient ps. Tout s'y mélang sans qu'on puisse y faire le tri et les moments de sang succèdent aux moments de grâce, comme ça. On dirait que l'homme est un de ces petits cailloux posés sur les routes, qui reste des jours entiers à la même place, et que le coup de pied d'un trimardeur parfois bouscule et lance dans les airs, sans raison. Et qu'est-ce que peut un caillou ?
- Le moi de juin, le soir, ferait presque espérer de la terre et des hommes. Il y a tant de parfums qui viennent alors des jeunes filles et des arbres, et l'air soudain se fait si gracieux qu'on aurait envie de tout recommencer, de se frotter les yeux, de croire que le mal n'est qu'un rêve et la douleur une tromperie de l'âme.
- Penser qu'un des siens peut être un assassin, c'est penser que soi-même on peut l'être. C'est désigner à la face de tous que ceux qui tortillent de la bouche et nous regardent de très haut, comme si nous étions des fientes de poule, ont une âme pourrie, comme tous les hommes, qu'ils sont comme tous les hommes. Et ça, c'et peut-être le début de la fin, la fin de leur monde. C'est donc insupportable.
- C'est douloureux d'écrire. Je m'en rends compte depuis des mois que je m'y suis mis. Ca fait mal à la main, et à l'âme.
- On sait toujours ce que les autres sont pour nous, mais on ne sait jamais ce que nous sommes pour les autres.