J'ai appris une nouvelle qui m'a renvoyée à ma propre mort, à l'éphémérité de la vie, à nous.
Lundi, alors que je me préparais pour aller au boulot, j'entends aux infos d'NRJ qu'un accident avait eu lieu sur la tangentielle, pas très loin de chez moi, qu'elle était toujours bloquée, qu'un camion avait percuté un scooter sur la partie de la tangentielle accessible aux scooters, et que ce camion avait trainé le scooter et donc son passager sur plusieurs mètres, celui-ci est mort. En arrivant au boulot, j'en parle à Cyril.
Mercredi matin, c'est Cyril qui m'en reparle. "Tu sais qui est mort lundi matin ? - Non - Le mari de S ... - Non ..." ... S, c'est mon ancienne collègue, celle qui m'en a fait voir des vertes et des pas mûres. Une femme aigrie et amère, une éternelle insatisfaite, incapable d'apprécier les moments précieux, critiquant tout. Rien ne trouvait grâce à ses yeux. Sa vie était toujours pire que celle des autres. Aujourd'hui, sa vie est pire que celle des autres. Son mari est mort parce que le chauffeur du camion était sous l'emprise d'héroïne, qu'il n'a pas senti qu'il percutait quelque chose, qu'il ne s'est rendu compte que bien plus tard, qu'il trainait "quelque chose" ...
La vie, c'est ce qu'on a de plus précieux, de plus précieux, parce que le jour où la vie s'en va, c'est fini, c'est définitif, pour toujours, à jamais. Nous ne sommes rien, rien du tout sur cette terre. On se croit important, précieux, nous ne sommes rien.
Je ne jouerais pas les hypocrites, je n'éprouve pas de compassion pour elle, mais je ne me réjouis pas de la mort de son mari, je ne me réjouis pas de sa souffrance, je ne souhaite la mort de personnes. La vengeance ne sert à rien. La vie se charge de nous mettre face à nous, face à ce que nous faisons. La vie peut nous refuser certaines choses, la vie nous met face à des épreuves cruelles.
Je crois à l'harmonie terrestre, à l'équilibre. Je crois que tout a une raison d'être. Je crois que rien n'arrive pas hasard ...
J'aurais dû être morte suite à un empoisonnement à un anti-biotique. Les circonstances ont joué en ma faveur. Je ne suis pas allée seule chez le médecin, la pharmacienne m'a dit que je pouvais prendre le médoc de suite, Val est restée un bout chez moi, elle allait partir, mais elle s'est rappelée qu'il fallait qu'elle note un truc, quand tout est arrivé. Je lui dois de ne pas être morte ...
Je n'ai pas eu peur, j'avais confiance, je n'ai pas pensé que j'allais mourir, mais après j'ai su que j'aurai été morte si j'avais été seule, mon médecin me l'a confirmée. Morte d'un arrêt cardiaque provoqué par le choc ... je suis arrivée chez le médecin dans un état avancé de l'empoisonnement, les pompiers n'ayant pas voulu se déplacer, jugeant la situation non grave ...
Je n'ai pas mesuré la peur que Val avait eu. J'avais conscience que je lui avais fichu une belle trouille. Mais je ne savais pas à quelle hauteur. C'est Michel qui m'en a parlé. Je ne saurais jamais ce qui s'est passé dans sa tête à elle.
Je sais juste que moi, ce qui m'est arrivé ce jour là, a eu des conséquences sur ma vie. Trois mois plus tard, j'arrêtais de travailler ... je m'isolais doucement mais sûrement ... je refusais les autres, je refusais ce que j'étais devenue, ce que la société avait fait de moi, puisqu'il faut se conformer aux règles, je me trouvais confrontée à ce que j'avais fait de ma vie, à tous les paradoxes qui s'affrontaient en moi ... je me retrouvais face à moi-même.
Ce qui m'est arrivé ce jour là, a été sans aucun doute une prise de conscience ... un déclencheur.
J'ai conscience de la chance que j'ai. La matérialité n'est rien. Je ne suis ni jalouse ni envieuse. Cela ne sert à rien, qu'à rendre aigrie et amère. Je regrette les gens qui ont beaucoup et qui se plaignent devant ceux qui ont peu. Je trouve cela triste, cette insconscience de la chance d'avoir une vie "aisée". Je trouve cela triste de réduire sa vie à des choses bassement matérielles.
A la question, que feriez vous si vous étiez multimillionnaire ? j'avais répondu je m'achèterais un appareil numérique. Voilà, je ne saurais pas quoi faire de trop d'argent. J'ai toujours pensé que si je n'étais pas heureuse sans argent, je ne saurais pas l'être avec. Je suis heureuse sans. Ma richesse n'est pas dans les choses que je possède, ni sur le montant de mon compte en banque. Mes joies et mes bonheurs ne dépendent d'aucune matérialité.
Je ne suis pas multimilliardaire, mais ce mois-ci je vais m'acheter mon appareil numérique.
Ce qui arrive à ma ancienne collègue, et bien à elle, pas ce qui est arrivé à son mari ... m'a renvoyé à ce que je pense ... l'harmonie terrestre ... on paye toujours sa méchanceté, son aveuglement ... souvent très cher ...
Il ne sert à rien de souhaiter le malheur des gens ... la vie se charge de leur rendre leur monnaie ... et souvent ... bien plus que leur monnaie ... Ne l'oubliez pas ... ne souhaitez jamais le malheur de quelqu'un, n'enviez ni ne jalousez personne ... vous ne savez pas ce que la vie lui a fait, ce qu'elle lui fait, ce qu'elle lui fera ... vous voyez certaines choses, mais pas tout ... beaucoup de choses échappe à celui qui n'est pas dans la situation ...
Je ne l'oublie pas ... rien n'est jamais ce qu'il parait être ... jamais ...
Une dernière chose ... la vie n'est rien ... nous n'avons qu'une seule certitude dans la vie, c'est que nous allons mourir un jour, tous, il n'y aura pas d'exception ... on ignore juste comment, quand ... mais on mourra tous, c'est la seule certitude que nous ayons ... et c'est ce qui fait que la vie n'est rien, nous ne sommes rien, et pourtant notre vie est ce que l'on a de plus précieux, de plus important ... alors choisissez de penser que la vie est dure, mais que c'est parce qu'elle est dure qu'elle nous permet d'apprécier des moments simples et heureux ... arrêtez de penser que la vie vous en veut, ce n'est pas elle qui vous en veut, c'est vous qui lui en voulez, c'est donc vous qui vous en voulez ... souriez à la vie, souriez à votre vie, et elle finira par vous sourire ...
J'ai testé ... j'avance doucement mais sûrement, petit à petit, je fais sauter les cadenas que j'avais mise à ma vie ...