La vie devant soi, de Emile Ajar, pseudo de Romain Gary.
Depuis que j'ai commencé ce livre, je me demande si j'ai déjà lu un livre de cet auteur. Je sais que c'est le seul auteur à avoir reçu deux fois le goncourt, ce qui est impossible en soi, puisqu'il n'est remis qu'une seule fois à un auteur ! Et bien, lui, il l'a reçu sous Romain Gary, et il l'a reçu sous Emile Ajar. Ou l'art de griller les pontes grâce à un pseudo ...
La vie devant soi, c'est l'histoire de deux solitudes. Celle de Momo, un enfant de dix ans, mais qui a en fait quatre ans de plus, et donc la vie devant lui. Celle de Madame Rosa, une ancienne prostituée qui s'occupe désormais d'enfant de "putes", et la vie derrière elle.
C'est un livre particulièrement émouvant. D'abord par l'écriture, le livre est écrit comme si l'on avait reproduit un monologue intéreur. Nous sommes complètement dans la tête de Momo.
Momo s'appelle Mohamed. Il a été confié à Madame Rosa. On apprend bien plus tard dans le roman, que Momo est le fils d'une pute assassinée par son mari "proxynète". Et Madame Rosa a sans cesse peur que l'hérédité pousse Momo à l'assassiner.
Momo, c'est le fils qu'elle n'a pas eu, et lui, la mère qu'il n'a pas.
Elle est juive, a connu la déportation, les camps, la peur.
Il est arabe, musulman, habite Belleville, parle Yiddish.
Quand Madame Rosa va commencer à perdre la tête à avoir des absences, Momo va tout prendre en main. Dans l'immeuble va s'organiser une vraie solidarité autour de Momo et Madame Rosa. Celle-ci refusant obstinément de se rendre à l'hôpital parce qu'on ne veut pas l'"avorter", parce qu'on va la prolonger un maximum.
Comme dit Momo dans le livre, pourquoi on peut avorter les jeunes (l'avortement comme on l'entend) et que l'on ne peut pas avorter les vieux qui le souhaitent quand la dégradation physique et mentale est telle que vivre est pire que la mort (l'euthanasie) ... ?
Momo va tout faire pour que Madame Rosa ne parte pas à l'hopital, car comme il le dit, elle et lui, c'est la même merde. Et elle finira par mourir dans son "trou de juif", avec Momo a ses côtés.
C'est une histoire d'amour entre deux êtres seuls que la vie a réuni, une vraie solidarité. C'est un plaidoyer contre le progrès de la médecine qui s'obstine à faire vivre des personnes au prix de quoi ??? Et puis, l'incroyable optimisme de Momo, dont le leitmotiv pourrait être... dans la vie, il n'y a pas de problèmes, seulement des solutions. C'est un roman très émouvant.
A venir, Valérie Autret, Mais ... Pourquoi ...?
Histoire vécue, bouleversante, émouvante ...