Songlian a dû quitter l'école parce que cela devenait trop cher. Elle doit se résoudre à épouser un madarin et devenir ainsi, la quatrième épouse. En arrivant dans la maison de son "maître", elle doit se soumettre aux règles. Rencontrer les trois autres épouses qu'elle nomme grande soeur. Se soumettre à la règle des lanternes ... celles ci ornent la maison de l'épouse qui a été choisi par le madarin pour le satisfaire. Les repas en commun dont le menu est décidé par l'épouse choisie. Songlian doit faire face à la perfidie, la sournoiserie et les taquineries des autres épouses. Les règles du jeu lui semblent désuettes, dépassées. Elle refuse de se plier, croit qu'elle pourra vaincre ...
Ce que j'en ai pensé :
Déjà, ce qui surprend c'est la manière dont c'est filmé. Au départ, nous voyons le visage de Songlian, incarnée par Gong Li, qui parle avec sa mère, que nous ne voyons pas. Les premiers mots du film nous mettent directement dans le vif du sujet. Les femmes sont des objets dont le destin est de subir le bon vouloir des hommes. Le madarin qui pratique la polygamie, n'est aperçu que de loin ... au départ et durant un long moment, il n'est qu'une voix dans le décors, une silhouette.
Seules compte les quatre épouses, et Ya, la servante de Songlian. Les autres personnages ne sont qu'accessoires et pourtant indispensables pour montrer le carcan de règles surannées.
Un film très pudique qui dénonce les règles et les coûtumes.
Songlian est la quatrième épouse. Jeune, belle et instruite. Elle succède à la première épouse qui est vieille, à la seconde qui est toujours souriante et avenante mais qui se révèle être la vipère, le venin, le cancer, puis la troisième, la cantatrice capricieuse qui a choisi d'accepter tout en prenant un amant.
Songlian se soumet à la règle. Mais très vite elle se rebelle. D'abord contre la troisième épouse, qui se joue d'elle. Puis, contre la seconde épouse, qui sourit devant et poignarde derrière. Songlian n'est pas faite pour ces règles qui la dépasse. Parce qu'elle est jeune, parce qu'elle est pleine d'espoir.
Chacune de ses blessures, de ses découvertes la font agir avec maladresse. Parce qu'elle est inexpérimentée dans ce monde de femmes vicieux, Songlian se trompe. En voulant dénoncer la seconde épouse et les turpitudes de celle-ci, elle ne fait que se mettre tout le monde à dos. Elle est sans cesse dans l'erreur quant à ses choix. Non pas parce qu'elle est méchante, mais parce qu'elle ne connaît pas le monde, les règles, les subtilités, les manigances.
Songlian est perdue dans ce monde qui la dépasse.
Quand elle comprendra où est son amie et donc où est son ennemi, il sera trop tard. Sa jeunesse la perdra, elle ... et pas seulement elle ...
Un film touchant parce qu'épuré. Bien que cela soit un film chinois, il n'a pas été sans me rappeler mes découvertes de la littérature japonaise. Lucidité, pudeur, et le dire sans fioriture. Le vrai en somme, sans les froufrous.
Un film touchant parce qu'une peinture de la condition de la femme, soumise au jeu de son "maitre" ... soumise aux règles ancestrales.
Quand la jeunesse rencontre la tradition archaïque ! Quand la jeunesse sait que c'est mal et inhumain et qu'elle se révolte !
Un très beau film !