13 septembre 2005
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Certaine fille un peu trop fière
Prétendait trouver un mari
Jeune, bien fait, et beau, d'agréable manière,
Point froid et point jaloux : notez ces deux points-ci.
Cette fille voulait aussi
Qu'il eût du bien, de la naissance,
De l'esprit, enfin tout ; mais qui peut tout avoir ?
Le destin se montra soigneux de la pourvoir :
Il vint des partis d'importance.
La belle les trouva trop chétifs de moitié.
"Quoi ! moi ? quoi ! ces gens-là ? L'on radote, je pense.
A moi les proposer ! Hélas ! ils font pitié.
Voyez un peu la belle espèce !"
L'un n'avait en l'esprit nulle délicatesse ;
L'autre avait le nez fait de cette façon-là ;
C'était ceci, c'était cela,
C'était tout : car précieuses
Font dessus tout les dédaigneuses.
Après les bons partis, les médiocres gens
Vinrent se mettre sur les rangs.
Elle de se moquer; "Ah ! vraiment, je suis bonne
De leur ouvrir la porte : ils pensent que je suis
Fort en peine de ma personne.
Grâce à Dieu, je passe les nuits
Sans chagrin, quoique en solitude.
La belle se sut gré de tous ces sentiments.
L'âge la fit déchoir ; adieu tous les amants.
Un an se passe, et deux, avec inquiétude.
Le chagrin vient ensuite : elle sent chaque jour
Déloger quelques ris, quelques jeux, puis l'amour ;
Puis ses traits choquer et déplaire ;
Puis cent sortes de fards. Ses soins ne purent faire
Qu'elle échappât au temps, cet insigne larron.
Les ruines d'une maison
Se peuvent réparer : que ce n'est cet avantage
Pour les ruines du visage !
Sa préciosité changea lors de langage.
Son miroir lui disait : "Prenez vite un mari."
Je ne sais quel désir le lui disait aussi :
Le désir peut loger chez une précieuse.
Celle-ci fit un choix qu'on n'aurait jamais cru,
Se trouvant à la fin tout aise et tout heureuse
De rencontre un malotru.
Jean de la Fontaine.
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10 septembre 2005
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Tengo hambre de tu boca, de tu voz, de tu pelo, Y por las calles voy sin nutrirme, callado, No me sostiene el pan, el alba me desquicia, Busco el onido liquido de tus pies en el dia. Estoy hambriente de tu risa resbalada, De tus manos color de furioso granero, Tengo hambre de la palida piedra de tus unas, Quiero comer tu piel como una intacta almendra. Quiero comer el rayo quemando en tu hermosura, La nariz soberana del arrogante rostro, Quiero comer la sombra fugaz de tus pestanas Y hambriento vengo y voy olfateando el crepusculo Buscandote, buscando tu corazon caliente Como un puma en la soledad de Quitratue. J'ai faim de ta bouche, de ta voix, de tes cheveux, Sans manger je vais par les rues, et je me tais, Sans le soutien du pain, et dès l'aube hors de moi Je cherche dans le jour le bruit d'eau de tes pas. Je suis affamée de ton rire de cascade, Et de tes mains couleur de grenier furieux, Oui, j'ai faim de la pâle pierre de tes ongles, Je veux manger ta peau comme une amande intacte, Et le rayon détruit au feu de ta beauté, Je veux manger le nez maître du fier visage, Je veux manger l'ombre fugace de tes cils, J'ai faim, je vais, je viens, flairant le crépuscule Et je te cherche, et je cherche ton coeur brûlant Comme un puma dans le désert de Quitratue. Pablo Neruda. 1959. |
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7 septembre 2005
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Si j'ai parlé
De mon amour, c'est à l'eau lente
Qui m'écoute quand je me penche
Sur elle ; si j'ai parlé
De mon amour, c'est au vent
Qui rit et chuchotte entre les branches ;
Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau
Qui passe et chante
Avec le vent ;
Si j'ai parlé
C'est à l'écho.
Si j'ai aimé de grand amour,
Triste ou joyeux,
Ce sont tes yeux ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce fut ta bouche grave et douce,
Ce fut ta bouche ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce furent ta chair tiède et tes mains fraîches,
Et c'est ton ombre que je cherche.
Henri de Régnier.
Photo de Cat.
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4 septembre 2005
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Je croyais que j'avais récupéré plus d'anges que cela au Père Lachaise ... mais non ... seulement trois ... je ne devais pas avoir la tête à les chercher ... et puis quand je ne suis pas seule ... j'oublie pleins de trucs ... en même temps tant mieux ... je ne suis pas concentrée sur mes pensées ...
Yves Bonnefoy, poème I, dans "La voix lointaine"...
Je l'écoutais, puis j'ai craint de ne plus
L'entendre, qui me parle ou qui se parle.
Voix lointaine, un enfant qui joue ur la route,
Mais la nuit est tombée, quelqu'un appelle
Là où la lampe brille, où la porte grince
En s'ouvrant davantage; et ce rayon
Recolore le sable où dansait une ombre,
Rentre, chuchote-t-on, rentre, il est tard.
(Rentre, a-t-on chuchoté, et je n'ai su
Qui appelait ainsi, du fond des âges,
Quelle marâtre, sans mémoire ni visage,
Quel mal souffert avant même de naître.)
Photos de Cat.
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1 septembre 2005
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Paul Eluard ...
Nos yeux se renvoient la lumière
Et la lumière le silence
A ne plus se reconnaître
A survivre à l'absence.
Photo de Cat.
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30 août 2005
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Pour changer des poèmes que je mets habituellement ... un poème que j'aime beaucoup ... terrifiant ... un poème de Victor Hugo ... ah Victor et moi ... une grande histoire ... et preuve que je ne suis pas rancunière ... hum ... si j'ai un fils ... j'aime bien Victor ... mais j'en suis pas là ...
L'enfant
O horror ! horror ! horror!
Schakespeare, Macbeth.
Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil
Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil.
Chio, qu'ombrageaient les charmilles.
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un choeur dansant de jeunes filles.
Tout est désert. Mais bon ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée.
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.
Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l'onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,
Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront,
Et qui pleuren épars autour de ton beau front.
Comme les feuilles sur le saule ?
Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d'Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu'un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?
Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit ou l'oiseau merveilleux ?
- Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.
Enfant soldat. hum la photo est penchée à gauche je vous jure que c'est pas moi qui l'ai prise ....
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29 août 2005
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Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire J'ai vu tous les soleils y venir se mirer S'y jeter à mourir tous les désespérés Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire A l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent L'été taille la nue au tablier des anges Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée Sept glaives ont percé le prisme des couleurs Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche Par où se reproduit le miracle des Rois Lorsque le coeur battant ils virent tous les trois Le manteau de Marie accroché dans la crèche Une bouche suffit au mois de Mai des mots Pour toutes les chansons et pour les hélas Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux L'enfant accaparé par les belles images Ecarquille les siens moins démesurément Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où Des insectes défont leurs amours violentes Je suis pris au filet des étoiles filantes Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août J'ai retiré ce radium de la pechblende Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu O paradis cent fois retrouvé reperdu Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent Moi je voyais briller au-dessus de la mer Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa Aragon. |
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28 août 2005
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Pierrot est mort hier au soir
Il n'a écrit qu'un seul mot... Adieu
La lune son ami son espérance
L'a trahi, avec un satellite, articiciel, il va de soi
et toi Petit Prince
Quand viendront-ils sur ta planète
Ces hommes voleur d'Amour
Quand viendront-il tuer ta rose
De Honorius .... notre Grand maitre.
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28 août 2005
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Encore du Paul Eluard ... pour le plaisir ... au fil de mes envies ... morceaux choisis ... dédiés à Gala ...
Avec tes yeux je change comme avec les lunes Et je suis tour à tour et de plomb et de plume, Une eau mystérieuse et noire qui t'enserre Ou bien dans tes cheveux ta légère victoire. _________________ Amoureuse au secret derrière ton sourire Toute nue les mots d'amour Découvrent tes seins et ton cou Et tes hanches et tes paupières Découvrent toutes les caresses Pour que les baisers dans tes yeux Ne montrent que toi tout entière. _________________ J'ai fermé les yeux pour ne plus rien voir J'ai fermé les yeux pour pleurer De ne plus te voir. Où sont tes mains et les mains des caresses Où sont tes yeux les quatre volontés du jour Toi tout à perdre tu n'es plus là Pour éblouir la mémoire des nuits. Tout à perdre je me vois vivre. ________________ L'aube je t'aime j'ai toute la nuit dans les veines Toute la nuit je t'ai regardée J'ai tout à deviner je suis sûr des ténèbres Elles me donnent le pouvoir De t'envelopper De t'agiter désir de vivre Au sein de mon immobilité Le pouvoir de te révéler De te libérer de te perdre Flamme invisible dans le jour. Si tu t'en vas la porte s'ouvre sur le jour Si tu t'en vas la porte s'ouvre sur moi-même. |
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27 août 2005
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Cet après-midi, je suis allée en ville avec Marie-Catherine ... et après une marche sur les bords de Loire ... on ne peut pas marcher trop longtemps car elle a des difficultés pour marcher ... on s'est arrêté à la terrasse d'un café ... c'est le nec plus ultra du chicos à Orléans ... La Chancellerie ...mais ça vaut la peine ... serveurs ... hum mignons ... enfin celui qui nous sert car je nous choisis toujours une table dans son district de service ... pas folle ... c'est sûr ... on rake ... 7 euros 20 pour un coca et un perrier en terrasse ... mais bon ... et puis une fois de temps en temps ... hein ... après direction la librairie Privat Loddé ... et voilà ... que fais-je quand je rentre dans une libraire ... j'achète ... j'ai été raisonnable ... un livre ... Paul Eluard Capitale de la douleur suivi de L'amour de la poésie ... après c'est l'heure du goûter ... donc re-terrasse de café ... et pendant que Marie-Catherine se délecte de son pain au chocolat avec coca ... pour moi ... mon "eau de mer" appelée communément "Perrier" ... et je lis quelques poèmes parci parlà ... et surtout sur celui-là ...
Partie "Seconde Nature", poème IV,
A droite je regarde dans les plus beaux yeux
A gauche entre les ailes aveugles de la peur
A droite à jour avec moi-même
A gauche sans raison aux sources de la vie.
J'écoute tous les mots que j'ai su inspirer
Et qui ne sont plus à personne
Je partage l'amour qui ne me connaît pas
Et j'oublie le besoin d'aimer.
Mais je tourne la tête pour reprendre corps
Pour nourrir le souci mortel d'être vivant
La honte sur un fond de grimaces natales.
Paul Eluard.
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