Hier pm, je suis allée chez Marie France, je vous en avais un peu parlé là
Elle est fidèle à elle-même ... heureusement nous étions trois car j'avoue que je pensais à autre chose, voui je décrochais d'entendre les mêmes histoires pour les millièmes fois ... mais c'est pas grave ... et puis on a parlé du Québec, là d'un seul coup ... j'étais très attentive ... je me demande pourquoi ... voui je me demande...
Bref, je rentre à la maison tranquille ... je me dis qu'avec le thé que j'ai bu, je risque d'avoir des soucis pour dormir ... on verra ...
Je me branche sur le net et hop ... surprise sur prise ... un ami a besoin de mon aide ... si c'est dans mes cordes, no soucis ... c'est dans mes cordes donc nos soucis ...
Donc voilà, cela me permet de faire mon article d'aujourd'hui ... une exercice de style ...
Pierre Corneille écrit une stance à Marquise :
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire affront :
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On n'a vu ce que vous êtes
Vous serez ce que je suis.
Cependant j'ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n'avoir pas trop d'alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu'on adore;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu'il me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle
Où j'aurais quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit.
Pensez-y, belle Marquise,
Quoiqu'un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu'on le courtise
Quand il est fait comme moi.
Le but de l'exercice : Marquise répond à Corneille ... dans le style épistolaire ... je me suis donc prêtée au jeu car j'adore ça ... un vrai régal ... donc j'ai répondu à ce cher Corneille ceci ...
Quel merveilleux poème m'adressez-vous là, cher Monsieur Corneille !
J'ignorais que ma personne vous ait à ce point interpellée et, je ne saurais vous remercier de me rappeler le temps qui passera sur mes traits comme il a passé sur les vôtres. Comme vous le dites très joliement, mes roses se fâneront, j'en conviens, et je le souhaite le plus tard possible ! Cependant, j'ai l'audace de croire que ma personne vous intéresse pour des raisons plus fines que ces affaires de charmes éphémères, bien qu'il soit exact que les miens entraînent dans la tourmente de nombreux courtisans. N'y voyez là aucune vantardise de ma part, juste une constatation, somme toute bien plaisante. Il est vrai que la beauté d'un caractère se juge par sa bouche davantage que par son visage, mais nous ne pouvons ignorer le pouvoir du regard qui bien souvent supplante le pouvoir de l'esprit.
Je me réjouis donc qu'un poète de votre talent est pris le soin de m'adresser ces quelques vers, à la gloire de ma beauté déclinante, du moins dans le temps. Je me réjouis également que vous ayez vu en moi, suffisament de tournure d'esprit pour imaginer que je puisse comprendre vos écrits et trouver l'envie et le plaisir d'y répondre.
La fin de votre poème me laisse à penser que selon ma réponse vous louerez ou ma beauté ou mes subtilités, selon que vous aurez décidé de faire de moi une poupée écervelée ou une femme au caractère bien trempé.
Le procédé que vous utilisez pour me courtiser me semble requérir l'autorisation d'une correspondance afin que je puisse vérifier que le grison, que vous êtes, mérite que je m'attardasse sur votre dessein.
Adieu cher Corneille.
Votre Marquise.
De Paris, ce 20 octobre 1658.
Donc voilà ce que Marquise (donc moi pour l'exercice) répond à Corneille ... qui sait ce qu'est un GRISON ... j'attends vos réponses....
